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Le cheikh (Sayyed) Nabil Abbas est présenté comme le représentant au Canada du Conseil supérieur chiite dans une activité au Centre islamique libanais de Montréal

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Le cheikh (Sayyed) Nabil Abbas est présenté comme le représentant au Canada du Conseil supérieur chiite dans une activité au Centre islamique libanais de Montréal

Auteur : Jooneed Khan
Référence : La Presse, 16 mars 1995, p. E1

Titre original : Liban – Un accent nouveau

La fin de la Guerre froide n'a pas complètement changé le monde. Ainsi, l'occupation du Sud-Liban et de la Bekaa-ouest par Israël entrait mardi dans sa 18e année avec son interminable cortège de blocus naval, de tirs d'artillerie et de raids aériens contre une population civile prise en otage qui n'en finit pas de payer le lourd tribut de ses droits à la paix, des libertés de ses détenus et du sang de ses martyrs.

Ce qui a changé est extraordinaire tout de même : l'ancien Liban n'est plus, le Liban du Pacte national et de la châtelaine, celui de l'hégémonie maronite et des Phalanges, de la culture française et du vernis parisien. Le poids démographique des musulmans et le réveil des exclus chiites exigeaient un ordre nouveau. Le jeu de la Guerre froide, et les soubresauts du conflit israélo-arabe, malmenaient le système. Le combat palestinien a renversé le vieil équilibre. Et la longue guerre civile, et la désastreuse invasion israélienne de 1982 à la rescousse des Phalanges, l'ont achevé.

Le Liban nouveau qui émerge, celui où le Canada vient de rouvrir son ambassade et où se ruent ces jours-ci des gens d'affaires à l'affût de contrats pour reconstruire Beyrouth, la capitale, est un Liban «post-apartheid», plus démocratique, plus en accord avec lui-même et sa région, qui reflète mieux sa composante musulmane prédominante tout en maintenant un maronite à la présidence, et qui assume mieux son identité arabe tout en gardant le français et tout en s'ouvrant à l'anglais.

D'où l'originalité du rassemblement organisé mardi soir, ici à Montréal, par le Centre islamique libanais, pour témoigner de la «Solidarité avec le Liban sud occupé» en ce 17e anniversaire de l'invasion israélienne du 14 mars 1978. Une première au Canada, au Liban, et à l'étranger : le même jour, avant qu'environ 800 hommes et femmes se réunissent au siège du CIL sur Port-Royal, dans le nord de la ville, avec des élus du Canada et du Québec, et des diplomates arabes, une réunion analogue avait eu lieu à Londres, entre autres, pour réclamer le retrait israélien du Liban, conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée en 1978 dans la foulée de l'invasion.

À Montréal mardi soir, poètes et cheikhs se sont succédés au micro pour chanter en arabe l'attachement du Sud-Libanais à son terroir et exalter sa résistance à l'occupation israélienne, une résistance vidée de son contenu humain par les médias quand ils l'imputent simplement au «Hezbollah pro-iranien». Consul général du Liban à Montréal, Charbel Wehbeh a demandé, en français, que le Canada et le Québec oeuvrent pour l'application de la résolution 425, le retrait israélien et la libération des quelque 220 hommes, femmes et enfants détenus et torturés dans les prisons de Khiyam, Saff al-Hawa, Zaghleh, Bint Jbeil et Marjayoun, au Liban-sud occupé.

L'ambassadeur du Liban au Canada, Assem Jaber, a pour sa part indiqué, en anglais, que dans la journée de mardi le ministère canadien des Affaires étrangères lui avait fait savoir qu'Ottawa avait communiqué à l'ambassade d'Israël sa condamnation du blocus naval du Liban-sud par l'État hébreu et sa volonté de voir celui-ci se plier à la résolution 425, résolution, a-t-il dit en arabe, «dont le non respect depuis 17 ans témoigne de la volonté de l'État d'Israël de coloniser le Liban-sud et de l'impuissance de l'ONU et de la communauté dite internationale.»

Le député libéral provincial Yvon Charbonneau, défenseur de longue date des droits arabes et palestiniens, a dit : «Les Libanais du Sud n'ont déclaré la guerre à personne, mais ils souffrent chaque jour d'une guerre qu'on leur impose.» Mais il a aussi évoqué les joies et les épreuves de ces nouveaux Libanais réfugiés au Canada et à Montréal depuis la guerre civile. «Votre présence ici est un enrichissement pour nous», a-t-il affirmé.

Thème que son collègue fédéral Marcel Prudhomme, sénateur et un autre champion connu des droits arabes, l'oeil sur la campagne référendaire sans doute, a martelé sur le mode de «un seul Liban malgré les 17 confessions» et de «un pays où tous les camps ont souffert et où le sang versé s'est rassemblé dans la même terre». Il a aussi insisté sur «votre expérience de la guerre civile, du déchirement d'un pays» pour en arriver à la ferme exhortation : «Soyez ici des hommes et des femmes de paix, agissez dans le respect de nos diversités, aidez-nous à bâtir un meilleur pays.»

Signe des temps : le cheikh Nabil Abbas, représentant au Canada du Conseil supérieur chiite, a rendu hommage, en français, à «la générosité du peuple québécois et canadien», et, en arabe, il a affirmé que «c'est par les chrétiens et les musulmans que le Liban existe et existera», et proclamé sa foi «dans l'édification d'une société civile au Liban». Dans l'assistance, l'ambassadeur d'Iran et les consuls de Syrie et de Tunisie, ainsi que des chefs du clergé chrétien libanais, ont applaudi. Une première.


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